Papillons et libellules: des insectes très “spécialisés”
Publié par Mauna Kea dans Témoignages le 23/07/2020 à 14:54
Les hyménoptères et les lépidoptères, très courants dans nos régions, sont souvent dépendants d’un type particulier de milieu. Décryptage avec Thibaud Dandoit, consultant et spécialiste des études d’impact environnemental.
Pour Thibaud Dandoit, qui effectue souvent des relevés de la faune et de la flore de zones faisant l’objet de permis d’exploitation, les papillons et les libellules sont des auxiliaires précieux dans la réalisation de l’inventaire d’une zone donnée.
Bio-indicateurs précieuse
Si certaines espèces de papillons se retrouvent un peu partout dans la nature, beaucoup sont plutôt spécialisés: ils ne vivent que dans des milieux particuliers, et requièrent la présence de certaines plantes.
“Par exemple, l’azuré bleu céleste ou lysandra belargus, ne vit que sur les pelouses calcaires exposées au sud.”
Comme les papillons, les libellules ont aussi leurs préférences.
“Ce sont des insectes qui ont besoin d’eau pour leur reproduction. Mais pas n’importe quelle eau: certaines préfèrent les eaux stagnantes, d’autres les rivières. Les paramètres de courant et la végétation des berges ont aussi leur importance.”
La spécialisation de ces insectes et la facilité à les observer expliquent leur utilité pour les études d’impact.
“Avec leurs couleurs vives, les papillons sont faciles à repérer. Quant aux libellules, en période de reproduction, il suffit de s’asseoir au bord d’une berge pour les observer, car les mâles patrouillent en permanence sur leur territoire.”
La présence de certaines espèces de libellules et de papillons dans une zone donnée nous donne donc une série d’indications précieuses sur le type de terrain et la flore qu’on peut y trouver.
“Quand vous êtes sur une zone plutôt herbeuse, vous pouvez compléter vos observations avec les sauterelles que vous y trouvez: elles ont elles aussi leurs plantes de prédilection.”
Abeilles sauvages: les hyperspécialistes
Le premier contact de Thibaud Dandoit avec MaunaKea remonte à l’époque où il a dû faire un recensement d’abeilles sauvages pour une de ses études d’impact.
“Les abeilles sauvages sont hyperspécialisées: certaines ne butinent qu’une seule espèce de fleur, ou ne pondent leurs œufs que dans les tiges creuses d’une seule plante.
Elles sont donc très sensibles à toute modification de l’environnement, et la Région wallonne prend grand soin de les protéger.
Elles comptent aussi beaucoup plus d’espèces: dans nos régions, il y a plus de 400 espèces d’abeilles et de bourdons sauvages — je ne compte donc même pas les guêpes — contre 155 espèces de papillons et 169 libellules.
Pour en différencier certaines, vous devez compter le nombre de tarses sur les pattes. D’où la nécessité, malheureusement, de les capturer et de les étaler dans une boîte à insectes lorsque vous effectuez un recensement.“
La Belgique, terre d’exceptions
Par sa position aux confins des régions boréale et méridionale, la Belgique est une terre d’exception en matière de plantes et d’insectes.
“En Gaume, par exemple, vous trouvez beaucoup de pelouses calcaires, notamment dans la vallée du Viroin. Ce sont des terrains très communs en France. Souvent situées sur les versants sud d’une colline, ces pelouses doivent leur végétation et leur faune caractéristiques à la nature particulière des sols calcaires, qui se réchauffent très vite le matin sous l’action du soleil.
Du coup, vous pouvez y observer des espèces de papillons qui sont très rares chez nous, mais très communs dans le Sud de la France. En fait, ces pelouses calcaires sont les plus septentrionales d’Europe.
À l’inverse, notre pays possède aussi les tourbières de basse altitude les plus méridionales d’Europe: ce sont des vestiges de la dernière ère glaciaire. Vous pouvez y retrouver des espèces de libellules qui sont communes en Scandinavie, mais exceptionnellement rares sous nos latitudes.”
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Thibaut DANDOIT
Fauna/Flora/Habitat Expert
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